Nous voilà à un mois de la rentrée, et pour certains le stress de rentrée n’est toujours pas retombé, et bien au contraire il s’accumule et monte en puissance de jours en jours.
Aussi, pour vous accompagner au mieux dans la gestion de ce stress, je vais vous présenter à travers une série de 3 articles (dont celui-ci est le 1er), le stress et ses mécanismes, les facteurs de stress et ses conséquences, ainsi que comment gérer son stress de mon point de vue d’accompagnatrice en bien-être.
On le sait, à dose raisonnable, et qu’il soit d’origine personnelle ou professionnelle, le stress peut être vécu de façon positive. En effet, pour certaines personnes, il leur faut une « agression » extérieure pour se sentir bien et travailler correctement.
Pour d’autres à l’inverse, le stress est une véritable agression. Et même si certaines personnes seront capables de mettre en place des parades ou mécanismes d’adaptation afin de réagir positivement, d’autres resteront emprisonnés dans ce stress devenu répétitif puisqu’ils n’arrivent pas à mettre au point des mécanismes de défense.
Aussi, au-delà d’un certain stade, les effets du stress pourront être néfastes et entraînés des dommages collatéraux importants : troubles du sommeil, déséquilibre alimentaire, tensions musculaires, maladies inflammatoires, carences, hypertension, dépression, fatigue, troubles de l’humeur, dérèglements hormonaux, problèmes de peau, …
Mais alors qu’est-ce que le stress ?
I – QU’EST-CE QUE LE STRESS ?
L’étymologie nous donne toujours des renseignements intéressants (oui je tiens ça d’un de mes mentors David Lefrançois qui commence souvent ses explications par un petit tour vers l’étymologie des mots).
Le mot stress vient du latin « stringere » qui signifie « étreindre, serrer, resserrer » mais aussi « appuyer en écrasant, presser, oppresser, restreindre ». En anglais par ailleurs, stress se dit « distress » qui veut dire détresse ou étroitesse…
Le stress est un ensemble de réactions psychiques et physiologiques de notre organisme face à une situation vécue comme inhabituelle, imprévue, agressive ou menaçante … pour nous permettre de réagir à notre environnement. En effet, le corps accélère son métabolisme et sécrète des neurotransmetteurs et des hormones (adrénaline, cortisol, ocytocine, …) dans le but d’atteindre le maximum de ses capacités physiques pour se mettre à l’abri et donc permettre notre survie. C’est ainsi que le rythme cardiaque s’accélère, les bronches et les pupilles se dilatent, les muscles sont suroxygénés par l’afflux de sang permettant de déployer l’énergie nécessaire à la réaction d’adaptation.
Aussi, temps que cette réaction reste occasionnelle et ne s’étale pas dans le temps, le stress n’aura aucun effet néfaste sur le corps ; et bien au contraire, il peut être vecteur : on parle alors de « bon » stress (comme le stress du comédien par ex). Par contre, si celui-ci devient chronique, qu’il se répète et/ou se prolonge dans le temps, il peut avoir des conséquences physiques, psychiques et émotionnelles importantes.
Par ailleurs, il est important de noter que les réponses de l’organisme que l’on nomme réactions d’adaptation sont dépendantes de la perception de la personne. En effet, prenons l’exemple d’un examen scolaire : celui-ci peut être vécu comme une situation stressante pour certains, et pas du tout pour d’autres.
Mais comment fonctionne réellement le stress ?
II – LES MÉCANISMES DU STRESS
Hans Selye, médecin endocrinologue, physiologiste et pionnier dans les études sur le stress, décrit le stress, qu’il nomme le Syndrome Général d’Adaptation, en 3 phases :
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- la phase d’alarme : La phase d’alarme est la réponse instantanée à n’importe quelle situation de stress – une menace ou un risque – (physique ou psychique), entraînant des modifications physiologiques adaptatives et bénignes. L’organisme est en alerte afin de faire face à une situation inédite. Il se prépare au combat ou à la fuite ; il va donc réagir en libérant des hormones (l’adrénaline et la noradrénaline) pour nous préparer à gérer au mieux et au plus vite la situation.
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En effet, d’un point de vue physiologique, suite à la réception du stimulus (ou des stimuli), l’hypothalamus va transmettre un signal aux glandes surrénales, qui vont libérer l’adrénaline et de l’aldostérone, et un message au système nerveux sympathique qui va libérer la noradrénaline. L’adrénaline va permettre de préparer l’organisme à l’action physique rapide et la noradrénaline va stimuler les sens et la concentration.
Ces deux catécholamines* vont entraîner des effets stimulants cardio-vasculaires : augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, des tensions musculaires, une respiration accélérée, de la transpiration (mains moites notamment), …
L’adrénaline va permettre de préparer l’organisme à l’action physique rapide et la noradrénaline va stimuler les sens et la concentration. Ces deux catécholamines (regroupent l’adrénaline, la noradrénaline et la dopamine), vont alors passer dans le sang et vont produire, par le biais de récepteurs, une série de réactions physiques : les poumons, la gorge, les narines s’ouvrent pour laisser passer plus d’air, la pression artérielle augmente, le rythme cardiaque s’accélère, le sang est dirigé en priorité vers les organes vitaux et les muscles, le système digestif est ralenti…
Une fois la menace écartée, les systèmes de régulation entrent en jeu permettant ainsi le retour à l’équilibre au bout de quelques minutes.
(* Substance du groupe des amines affectant le système nerveux sympathique et jouant un rôle de neurotransmetteur)
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- la phase de résistance/d’adaptation : si l’exposition au stress se prolonge, l’organisme va entrer dans la deuxième phase, appelée la phase d’adaptation/résistance. Il va agir comme si sa survie était menacée, et c’est à ce moment-là que le stress peut devenir nuisible.
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D’un point de vue physiologique, de nouvelles hormones sont sécrétées (notamment le cortisol, en plus de l’aldostérone) et le foie libère du glucose (d’où l’augmentation de la glycémie dans le sang) pour apporter l’énergie nécessaire aux muscles, au cœur, au cerveau. En effet, ici, l’organisme se prépare aux dépenses énergétique que nécessite la réponse à la situation stressante. Le cortisol va donc avoir un effet sur le taux de sucre (pour donner suffisamment d’énergie pour faire face), mais aussi sur les ions sodium et potassium, dont le rôle est d’assurer le bon fonctionnement neuromusculaire et cardiaque (tension artérielle).
L’aldostérone, quant à elle, aura aussi une action sur les ions sodium et potassium, ce qui va engendrer une tension artérielle plus élevée ; et le foie maintient un niveau élevé de glucose, …
D’autres hormones vont enfin être libérées durant cette phase comme la dopamine et la sérotonine.
Dans cette phase d’adaptation/résistance, la stratégie adoptée sera différente selon les personnes (stratégies définies par Lazarus et Folkman) :
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- les stratégies dites « actives » qui sont centrées sur la résolution du problème en tant que tel. Elles correspondent aux efforts faits par la personne pour éliminer ou réduire la source de stress, en modifiant la situation (organisation du temps, priorisation des dossiers, demander de l’aide, rester éveiller toute une nuit pour réviser, appliquer les leçons des expériences…)
- les stratégies dites « passives » qui sont, elles, centrées sur la part émotionnelle et qui correspondent aux efforts faits par la personne pour réduire ou éliminer les émotions que la situation de stress engendre (rumination, colère, reproches, éviter le problème, parler à son meilleur ami…).
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Et pour finir, soit l’action entreprise est adaptée, le facteur déclenchant disparaît et tout rentre dans l’ordre ; on parle alors de stress aigu.
Soit l’action est inefficace et on entre alors dans l’étape du stress chronique (qui dure dans le temps).
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- la phase d’épuisement : si la réaction/solution mise en place dans la phase précédente a permis de faire face au stress, l’équilibre hormonal est rétabli, l’organisme passe en mode parasympathique et revient à son équilibre initial. La personne peut alors ressentir de la fatigue (par épuisement des surrénales et de l’hypersympathicotonie) et de la faim (car le sucre a été entièrement mobilisé pour faire face à la situation) ; mais la personne récupèrera rapidement, et ce mécanisme ne sera pas toxique.
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Par contre, si l’action/solution mise en place n’a pas permis la résolution du problème, que la situation stressante se prolonge, s’intensifie et/ou se répète, les capacités de l’organisme sont débordées, l’autorégulation des hormones devient inefficace. L’organisme se trouve submergé d’hormones activatrices qui deviennent délétères pour la santé ; et finit par atteindre un épuisement psychique et biologique (dépression, Burn Out, blessures physiques, développement de pathologies …).
Ici, le stress chronique devient permanent et omniprésent. Une situation qui en temps normal aurait entraîné un stress mineur, engendre aujourd’hui un scénario catastrophe pour la personne. Tout la stresse, l’organisme est constamment sursollicité et finit par s’épuiser.
D’un point de vue physiologique, le taux de sucre va diminuer, le taux de sérotonine va chuter, tout comme celui de la dopamine, du GABA, du magnésium, du zinc… Le système immunitaire va s’affaiblir.
On comprend donc que c’est la répétition d’un résultat négatif et le retour à la réaction d’adaptation permanente qui mènent au stress chronique. Et selon ce qui résulte de la mise en mouvement du processus d’adaptation, les conséquences seront donc très différentes :
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- Si l’action est efficace, c’est-à-dire que le problème est résolu, c’est la fin du processus d’adaptation, avec un retour à l’équilibre homéostasique.
- Si l’action est inefficace ou partiellement efficace, selon l’appréciation de l’action personnelle, on a soit un retour à l’équilibre, soit un passage en mode de survie et un retour à la réaction d’adaptation.
- S’il n’y a pas d’action, le processus se poursuit avec un passage à un taux de cortisol élevé (voir schéma ci-dessous), l’équilibre est donc précaire. Si la personne n’arrive pas à trouver une solution active, elle passera tôt ou tard en phase d’épuisement.
Par ailleurs, il faut noter que dans les mécanismes du stress, la mémoire joue un rôle important. En effet, face à une situation stressante, la personne va garder en mémoire soit son action positive, soit son action inefficace/négative, soit son absence d’action qui entraîne l’inhibition de l’action. Aussi, si cette situation se représente, la personne se rappellera ce qui s’est passé la fois précédente et agira en conséquence (ou n’agira pas).
Ce système d’inhibition de l’action est un processus clairement identifié par les chercheurs. On sait qu’il se déroule dans certaines zones du cortex cérébral et qu’il fait intervenir des modifications au niveau de deux neurotransmetteurs : la sérotonine et l’acétylcholine (contrôle des muscles, du cœur, des glandes salivaires, des glandes sudoripares…). Il conduit toujours à une angoisse, qui peut se résoudre dans une action inefficace (le sport, l’agressivité, …) ou par la toxicomanie, la névrose ou la maladie. En effet, LABORIT a démontré lors de « l’expérimentation de la cage d’inhibition » que celui qui ne peut pas fuir, ni lutter, qui est donc en inhibition de l’action, présente des lésions pathologiques (à l’inverse de celui qui peut fuir ou lutter qui ne développe aucun trouble organique). Dans cet état de stress d’inhibition, la personne va « se faire oublier » (ni lutte ni fuite). Ses fonctions métaboliques vont alors se ralentir et son état émotionnel le sera également. La personne va entrer dans un état d’abattement, de prostration… évoluant petit à petit vers la dépression et peut-être des pathologies plus graves.
Dans tous les cas, que ce soit le stress de surmenage ou le stress d’inhibition, il y aura une phase de dépression.
La décompensation (c’est-à-dire la rupture d’un équilibre, la dépression étant une compensation à un mal-être), sera donc soit un burn-out pour le stress de surmenage, soit une pathologie dans le cadre d’un stress d’inhibition.
D’où l’intérêt de bien savoir si une personne est en état de stress ou pas et, si elle est en stress, de savoir à quel niveau, à quel stade se situe son stress, afin de l’aider au mieux et d’éviter qu’elle ne tombe en dépression qui risquent d’aller vers des pathologies plus graves.
On verra dans le 2ème article, les facteurs de stress et les conséquences de celui-ci sur l’organisme et d’un point de vue psychologique.